Analyse

Les bouquins trimballeurs

A Saillans il y a une petit enseigne autogérée ouverte en continue qui ne paie pas de mine vers les poubelles de tri, mais qui porte bien son nom - "L'abri du besoin".
Chouette surprise fidèle à l'esprit drômois, d'autant plus appréciable à une époque où les dépôts-ventes prennent le dessus sur Emmaüs. Un endroit qui se remplit toujours de petits trésors dont les gens n'ont plus besoin. Et pour moi qui aime récupérer des choses, l'endroit rêvé où fureter. Pourquoi je vous parle de cette boutique gratuite ? Parce que j'y ai fait une belle rencontre.

Invitez moi à voyager.

J'y ai trouvé un bouquin qui m'a bien parlé, avec sa vieille odeur des années 70. Un genre qui me touche particulièrement depuis Sylvia Plath : l'héroïne-autobiographie. En plus, il s'agit là d'une femme qui a eu un rôle important dans ma période lycéen cinéphile dévoreur de vhs... Le genre de coup de foudre qui dure, même si on ne se revoit plus, pendant très très longtemps. Liv Ullmann revit enfin sous mes yeux, en se livrant, en délivrant ses secrets, ses amours, ses humeurs.

Ses notes légères et profondes qui se lisent comme une belle missive.

On se réfugie dans un livre comme pour retrouver un souffle perdu, tant notre respiration est tumultuée par les spirales virtuelles.

Ce livre terminé, je me suis demandé quelle pourrait être sa destiné. Je veux qu'il reprenne la route. Alors, voilà, je propose aux lecteurs, lectrices, de ce blog, de laisser en commentaire le nom d'un livre que vous voulez faire voyager à votre tour. Je choisirai d'envoyer par laposte "mon" livre au titre qui me parlera le plus. Délestez vous d'un livre pour pouvoir vous envoler à votre tour.


 

Coups de coeurs cinématographiques


Derrière le partage, il y a l'idée de contaminer par l'amour,
de donner l'envie.

Les listes sont dans l'air du temps, je sais.
Mais j'aime cette manière de parler de
coups portés au cœur ces derniers temps.


L'envie d'aller à Séville pour se reperdre d'amour avec du vent :

  • JACK ET LA MECANIQUE DU COEUR de Stephane Berla et Mathias Malzieu

    L'envie d'avoir envie :
     
  • IDA de Pawel Pawlikowski

L'envie du plaisir de se perdre (contrairement au pseudo désarroi cher à Lynch) :

  • UNDER THE SKIN De Johnatan Glazer

L'envie de voler et de passer sa vie à réaliser ce qui nous tient à cœur :

  • THE WIND RISES de Hayao Miyazaki

L'envie de ne pas s'oublier, de comprendre le passé :

  • BOYHOOD de Richard Linklater

La manière de l'envie et l'envers des manières :

  • LA VIE D’ADÈLE d'Abdellatif Kechiche
  • LOVE de Gaspard Noë

L'envie de retourner voir le bateau dans les arbres de mon enfance :

  • MUD de Jeff Nichols

L'envie de vivre dans l'urgence, du beau milieu de la plaine désertée des souvenirs-grains de sables :

  • STILL ALICE de Richard Glatzer et Wash Westmoreland

L'envie de lire les énergies des gens :

  • MAGIC IN THE MOONLIGHT de Woody Allen

L'envie de suivre ses envies :

  • THE SECRET LIFE OF WALTER MITTY de Ben Stiller

L'envie d'aller dans la forêt de pins :

  • LIFE BEHIND THE PINS

L'ile de l'envie :

  • THE ONE I LOVE

L'envie futuresque :

  • THE ZERO THEOREM

L'envie de voir le passé :

  • PHILOMENA

L'envie de se détourner de comment la réalité nous est montré :

  • NIGHTCRAWLER

L'envie de se passer d'un iphone dans la poche de sa chemise trop près du coeur :

  • HER de Spike Jonze

L'envie de laisser la femme prendre le dessus :

  • THE DANISH GIRL de Tom Hooper

 

 

L'économie Collabo

UBER IS NOT MY CUP OF TEA. 

Dés-ubérisons nous les uns des autres.

Parmi les petites choses qui changent, il y en a une qui, grandissant, me dérange à la folie.
Bref, je voulais vous donner l'article qui me parle bien en ce moment.
Inventeurs de fausse bonne idée à la recherche de concept bankable, inventez donc une application pour nous foutre la paix.
Dans le réel, quand on a besoin d'un truc on peut le demander simplement, sans vérifier sur son téléphone qui en a. Dans le réel on n'a pas besoin d'une application pour faire l'amour, ou (se faire) aider à déménager.
Est ce que les smartphones nous font devenir cons ?

On rigole on rigole mais un jour ce putain de “uberiser” va entrer dans le dico et ce jour-là l’humanité aura bien mérité de disparaitre.
— https://twitter.com/lisemai

Et on soutient autant qu'on peut les vrais projets d'économie libre...

Parce que les vraies bonnes idées n'ont pas de place en Bourse, parce que faut arrêter de rendre service à ceux qui nous pondent des produits dont on devient dépendant, vas y que je te retire un faible pourcentage pour augmenter ma billionnairitude.


Update de l'article avec la sortie d'un site arrrangiste qui permet d'avoir des esclaves à un doigt de chez toi et PODCAST bien monté.


Déçu d'Airbnb ? Des alternatives insolites et vraiment collaboratives

MISE A JOUR 02/16.
Je me suis inscrit sur Mytroc.fr pour vivre de noisettes.
Et j'ai trouvé cette vidéo chouette et celle-là dore l'image d'AIR B N B

horoskop

La romancière Eva Dane définit l’angoisse de la page blanche comme ce qui arrive “quand votre ami imaginaire cesse de vous parler”. Tu connais ce sentiment, Poissons. Dernièrement, tes voix intérieures les plus fiables et les plus compréhensives se sont tues : des ancêtres, des amis chers sortis de ta vie, d’anciennes amours encore vivaces, des professeurs qui ont marqué ton imaginaire, des animaux aimés disparus, et peut-être même quelques bons vieux esprits et anges. Où sont-ils passés ? Que leur est-il arrivé ? Peut-être ont-ils jugé préférable de te laisser te débrouiller tout seul pendant un moment. Mais ne t’inquiète pas. Ils reviendront.
Rob Brezsny

la manière de voir

"Il m'arrive souvent de prendre l'hélicoptère. A cette altitude, je "lis" les champs de blé, de seigle, les cépages. Je découvre l'identité du fermier, du vigneron, du paysan. Un vrai paysan doit savoir tout faire. Le vigneron malgré tout, reste un peu à part. C'est un spécialiste, un cardiologue. J'ai compris qu'il pouvait être un artiste. 
C'est Jen Jarry qui m'a initié, Jean le vigneron. C'est avec lui que j'ai appris. On allait ensemble dans les vignes, aux premières lueurs du jour. Il me donnait des cours d'oenologie sur le tas. Il m'aidait à reconnaître toutes les feuilles des cépages : le cabarnet, la Syrah, le chardonnay, le grenache, le chenin. 
La vigne a une caractéristique : plus le terrain est pauvre, meilleur est le vin. Si la vigne est rocailleuse, s'il y a un énorme rocher, elle trouvera sa racine derrière ce rocher, et c'est derrière sa racine que le raisin pourra s'exprimer. 
J'adore cette idée, c'est elle qui se rapproche le plus fidèlement de la nature humaine. Je ne juge jamais les gens. J'ai justement envie d'aller voir derrière leur rocher de connerie pour essayer de découvrir autre chose, de révéler leur sève. Evidemment on n'est pas à l'abri d'un picrate. Mais il y a des cépages nobles, des appellations. 
Avec le phylloxera, cette saloperie venue d'Amérique, on a été obligé de replanter des clones. En 7 ou 8 ans, les cépages étaient pourris par cette maladie. Il existe heureusement des vignerons qui travaillent avec de vrais cépages. Il faut être attentif. On s'aperçoit aussitôt de la fantaisie, de la verve artistique d'un vigneron en goûtant son vin. On fait tout de suite la différence entre celui qui travaille avec un esprit créatif et celui qui fabrique un produit commercial. 
Je n'aime pas tellement tous ces gens qui goûtent moderne, qui prennent d'abord le bouquet, où on favorise où on en encourage les arômes primeurs. Cela a été cuvé très court pour développer un maximum d'arômes. Mais tu ne peux pas tout avoir. Si tu développes ton arôme, tu n'auras plus de longueur de vin. Il faut savoir si tu bois le vin ou si tu le sens! Tête de con ! Un très bon vin, c'est simplement comme la nature le dit, comme le cours des saisons. Le printemps, c'est la montée de la sève, l'été c'est l'épanouissement, l'automne c'est recharger la sève, faire en sorte de la mettre à l'abri du gel."

Ecoute Solange

Dans le monde du Moi-je podcast, il y a peu de personnes qui se sont fait une place comme celle qu'a prise et gardera au fil du temps "Solange te parle"
Charmante minette avec une belle touffe de cheveux, petite héroïne rohmérienne qui a un accent français charmant. J'aime sa curiosité, son jeu - et sa manière de poser des questions qui font s'épancher, vivre des histoires, partager des fleuves d'anecdotes !  Je me retrouve en elle parce que moi aussi j'ai joujouté avec ma caméra subjective, j'ai experimencé des trucs fousfous.
Elle a réussie à s'exposer - et cherche à soulever un voile d'intime. Via un Youtubage réussi, elle s'est fait un nom - à coup de vidéos performances chouettes. 


Période 2014. Autre mood, autre partage, (s)autre-elle.

Son youtube prends du bide, le son de sa voix s'affine en naturel. Ses mots sont appliqués à poétiser mielleusement, le bon ton devient béton, avec les coupes dans l'air du temps au montage pour qu'un plan ne dépasse pas les cinq secondes.

Ce mois-ci, elle s'essaie au périlleux exercice du quotidien. Elle commence par nous conseiller sur l'art du vide en vidéo; et après elle joue aux associations de souvenirs en plaquant des dvd contre sa jolie face (avec l'art de résumer "La leçon de Piano" à un trou de collant) Moi aussi j'aime savoir ce que deviennent les actrices après un film - pour le cas de Catherine Mouchet, j'ai été surpris de voir qu'elle avait pas mal continué après "Thérèse."

Mon coup de coeur pour des épisodes en particuliers et ses palabres en général :
"Tant pis" quand elle le dit si enfantinesquement que j'en fonds.
"Cadeau, Hummmm" - dans le clip où elle parle de la méthode cool de Seinfeld pour Stimuler la Productivité.
L'épisode sur les poils pubiens

Elle est forte pour avoir une voix toute souriante, parler d'elle dans son plus simple appareil et nous montrer son beau nombril, pour montrer ses prises de tête avec elle-même dans son peignoir bleu.

Solange avec ses parents au téléphone, Solange prends son bain, Solange nous parle de son frigo, Solange s'achète un chien, Solange à la plage critique les gens en maillot de bain, etc... J'aime le fait qu'elle n'ait pas peur d'être elle-même / son personnage, de se gratter le nez, de se toucher des parties du corps impromptuement. Bon en même temps elle habille son dénudage - ça veut dire - oh regardez moi j'aime être nue - ah pardon, je me suis auto flouttée. (Ce qu'il te faut Solange pour résoudre ton rapport à toi nue, c'est une Séance Sento !)

Malgré le fait qu'elle ait des idées déjà-vues, elle arrive à y mettre sa petite touche, qu'elle assume sa bobo-itude. Bref elle filme comme elle pense en se mettant en scènes. J'ai mille fois hâte de voir ce que son film a dans le ventre; quand il s'agit d'organiser un tournage avec d'autres que soi.

Petit bémol inspiré par son public bas de gamme made in youtube - comme elle est humaine trop humaine, elle s'est sentie obligée de se justifier sur sa manière d'être, de parler.
Mais Solange, fais pas la course aux nombres de suiveurs sur youtube, on s'en fout d'être des milliards d'amoureux.
Il vaut mieux être aimé un milliard de fois très fort que chercher à convaincre la planète entière.

Lien vers un article écrit en anglais qui parle du danger que représentent les spectateurs mâles.

Discret, à l'abri des regards

J'ai stressé pour préparer une exposition dans un lieu qui n'en n'avait jamais reçu. 
Avant si on m'offrait un mur pour accrocher ​quelques tirages, j'avais juste à fixer ça sur une cimaise, en fer, type Ikea. 
Mais là, dans un théâtre, c'est la corde qui prends tout son sens, comme me l'a mis en valeur Jésùs qui m'a aidé à fixer mes tirages 50 x 75 cm. Pour les caisses américaines 40 x 60 il y avait des chevalets - et un piano. 
Ce que j'ai trouvé précieux à ce vernissage, c'est le défilé de personnes qui s'est donné la peine d'être présents le jour J. Et, hasard de ma mailing list, j'ai même eu la surprise de voir deux amoureux qui sont venus sans prévenir ! ça faisait deux ans qu'on ne s'était pas vu... 

Ce qu'il y a de plus chouette dans un vernissage, c'est le monde qui est là. Leur manière d'être réactif, de dire les tirages qu'ils aiment et ceux qui leur parlent moins; de voir les photos se répondre les une autres, comme un film en planche-contact. 

​Pour finir, aucune photo n'est partie sous le bras de quelqu'un. Quand on est portraitiste, ce n'est jamais évident de donner envie à une personne d'accrocher chez elle une photo de quelqu'un d'autre - et c'est aussi pour ça que je me suis spécialisé dans la photo. Cela dit, quelle surprise, le lendemain, de voir qu'une amie québecoise a bien pincé pour un tirage en particulier et qu'elle aimerait l'avoir chez elle, encadré de la belle manière.